3 choses à savoir sur les maisons de disques

Les maisons de disques font entièrement partie de l’univers de l’industrie musicale depuis des décennies et les artistes se tournent souvent vers elles lorsqu’ils souhaitent voir leur projet musical être produit, édité et commercialisé.

Elles sont avant tout des sociétés commerciales, ayant pour objectif de tirer un bénéfice de leur activité. Ces bénéfices vont être réalisés par le biais de l’exploitation de titres de musique. Mais nous allons dans cet article que le terme de maison de disques perd aujourd’hui beaucoup de son sens historique et il est devenu assez flou, pour ne pas dire dépassé, puisque les labels deviennent de plus polyvalents au sein de l’industrie. Avec cette évolution, il est bien plus compliqué de cerner ce qu’est une maison de disques ou un label car les deux évoluent énormément années après années, dans une ère numérique provoquant des changements rapides.

Dans cet article, nous allons aborder 3 points fondamentaux qui lèveront le voile sur les maisons de disques modernes.

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LA FRONTIÈRE ENTRE LABELS ET MAISON DE DISQUES DIMINUE AVEC LE TEMPS​​

D’un point de vue historique, les maisons de disques s’occupaient de certains aspects qui sont aujourd’hui gérés par les labels. Les labels indépendants ont permis à beaucoup d’artistes de s’émanciper et de moins en moins dépendre des maisons de disques. De nos jours, beaucoup moins de maisons de disques s’occupent de la création des morceaux, des mix / mastering et de la production des instrumentales (voir : passer par un beatmaker en ligne), puisque ce sont des domaines que les labels de musique ont internalisé. Avec l’évolution des techniques de productions et leur facilité d’accès, les maisons de disques travaillent avec des artistes qui ont leurs propres équipes s’occupant de la production des projets, nous pouvons parler ici de labels indépendants.

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Plusieurs labels peuvent appartenir à une même maison de disques, nous pouvons voir la maison de disques comme leur maison mère. En ce sens, nous pouvons comprendre que deux artistes peuvent être signés chez deux labels différents tout en étant dans la même maison de disques.

Les labels indépendants n’ont parfois aucunement besoin de passer par des maisons de disques car les plus petits labels ne cherchent pas à distribuer leurs projets dans des grandes surfaces. Ce n’est plus un scoop, les plateformes de streaming et Youtube sont le meilleur moyen de faire émerger un artiste.

Nous pouvons même aller encore plus loin dans cette réflexion, puisqu’à l’époque les maisons de disques s’occupaient aussi très souvent de la promotion publicitaire des projets. Mais actuellement, beaucoup de labels indépendants choisissent de travailler avec d’autres indépendants pour couvrir la phase de promotion. Notre service de publicité digitale pour artistes en est le parfait exemple, puisque nous ne sommes pas une maison de disques et nous proposons un service totalement indépendant pour les différents labels.

Pour résumer et retenir les points essentiels, nous pouvons garder en tête que très souvent ,un label se positionne dans le processus de création et de production autour de l’artiste, tandis que la maison de disque va promouvoir et distribuer le projet. 

Prenons un exemple concret pour illustrer cette partie. En 2021, un artiste rap comme Nekfeu et son sous-label Seine Zoo Record se trouvent dans le label Polydor, qui lui-même appartient à la maison de disques (Major) qui opère dans la rap nommée Universal Music France. Cela est possible car Nekfeu est signé en contrat d’artiste chez Seine Zoo Record, qui lui-même est un sous-label en contrat de licence chez Polydor (label appartenant à Universal Music France qui est une maison de disques française).

Nous venons de mettre le doigt sur un point très important chez les maisons de disques, les contrats.

IL EXISTE 4 GRANDS TYPES DE CONTRATS EN MAISON DE DISQUES​

Les types de contrats des maisons de disques sont souvent un point obscur dans l’industrie musicale. Pourtant, ils permettent de couvrir les différents besoins de chaque artiste.

Les contrats sont très importants puisqu’ils lient un artiste à une maison de disques pendant une durée déterminée. Bien comprendre quels sont les différents types de contrats est essentiel pour assimiler l’intérêt qu’a un artiste à signer dans une maison de disques.

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1) Le contrat d’artiste

Le contrat d’artiste est le contrat de base que l’on peut retrouver dans l’industrie musicale. Comme nous avons pu le voir précédemment dans l’article, les maisons de disques possèdent parfois plusieurs labels. Et ce sont avec ces labels que l’artiste se lie via ce type de contrat (et donc indirectement avec la maison de disques).

Le label avec lequel l’artiste est lié va s’occuper de toute la production d’un morceau / album. Cela comprend l’enregistrement mais aussi le mix et le mastering, en d’autres termes, ils vont s’occuper de la fabrication du projet. Le label auquel l’artiste est lié va donc posséder le projet et les enregistrements.

Le point non négligeable dans ce type de contrat, c’est que le label va tout mettre à disposition de l’artiste pour qu’il puisse enregistrer son projet. De ce fait, un artiste peut arriver vers un label / maison de disques sans avoir enregistré un seul titre de son album au préalable. Mais dans ce cas, l’artiste cède la totalité de ses droits sur les enregistrements à la maison de disques.

Chose importante à avoir en tête, l’artiste va très souvent ne pas avoir son mot à dire sur les aspects liés à l’enregistrement, l’exploitation et la promotion du projet puisque c’est la maison de disques qui a tout payé.

Dans ce contrat, nous retrouvons couramment une clause d’exclusivité qui oblige l’artiste à travailler qu’avec un seul label musical, et vous l’aurez compris avec une seule maison de disques. À ce stade de l’article, vous devez sans doute commencer à comprendre pourquoi beaucoup d’artistes ont monté leur propre label indépendant auquel ils sont rattachés en contrat d’artiste. En suivant cette logique, imaginons qu’un artiste signé dans un label appartenant à une maison de disques met en ligne son morceau sur sa chaîne Youtube personnelle, alors il pourra être attaqué par la maison de disques puisque les masters ne lui appartiennent pas. Dans ce type de contrat, l’artiste perçoit moins du quart des revenus générés par son propre projet.

2) Le contrat de licence

Le contrat de licence est quant à lui une sorte de location des droits de reproduction d’un projet dans une période à moyen terme. De ce cas, le producteur (qui peut être un label indépendant) a déjà financé un projet, il possède tous les enregistrements et souhaite que quelqu’un puisse le faire vivre et l’exploiter.

Ce contrat va permettre à une maison de disques d’obtenir des droits sur un projet pendant une durée déterminée et de réaliser des bénéfices lors de son exploitation puisqu’elle aura contribué à son succès.

L’avantage de ce type de contrat va notamment se trouver dans le fait qu’un label indépendant peut posséder ses propres enregistrements, donc l’artiste va percevoir un plus gros pourcentage des bénéfices de son projet.

La maison de disques peut toutefois garder un rôle de support et conseiller l’artiste sur l’orientation de certains titres du projet, mais l’artiste et sa structure resteront maîtres de ce-dernier.

3) Le contrat de distribution

Le contrat de distribution porte bien son nom, puisque la maison de disque va seulement se charger de distribuer le projet d’un label indépendant qui a déjà finalisé un projet. De plus, la maison de disques ne va pas assurer la promotion du projet, c’est l’artiste et son équipe qui s’en chargent.

Ce type de contrat est très avantageux lorsque l’on veut déléguer la partie la plus compliquée à gérer en tant qu’indépendant qui est la distribution. Les maisons de disques possèdent déjà les contacts pour distribuer des projets en physique et il est assez compliqué de faire de la distribution dans certains lieux lorsque l’on est un indépendant.

De nos jours, il est tout à fait possible pour un artiste de choisir de seulement déléguer la partie distribution et de gérer à lui seul la production et la publicité autour de son album. Il peut ainsi décider de travailler avec des indépendants, aussi bien sur l’enregistrement de son album que sa promotion, puis décider de passer par une société pour le distribuer dans des lieux tels que la Fnac, Cultura, les grandes surfaces…

Dans ce type de contrat, l’artiste peut également décider de déléguer la distribution sur les plateformes de streaming, la radio, car il va falloir y effectuer de la collecte de droits. Dans le contrat de distribution, il est courant de voir déléguer cette collecte qui peut être très pénible pour l’artiste et son équipe.

À noter également que cette-fois ci, en contrat de distribution, l’artiste peut percevoir plus de la moitié du chiffre d’affaires généré par l’exploitation de son œuvre.

4) Le contrat de co-production

Dans un contrat de co-production, nous retrouvons souvent un label indépendant et un label appartenant à une maison de disques qui vont s’associer à 50/50 sur un projet. Le label indépendant va utiliser le réseau de l’autre label pour développer le projet, cela peut aussi bien se mettre en place sur la partie mastering que sur la partie distribution.

Avec ce contrat, la répartition de la possession des enregistrements sera tranchée en deux. Mais la maison de disques va pouvoir avancer l’intégralité des coûts de production, ce qui est très intéressant lorsqu’un label indépendant ne possède pas les fonds nécessaires au lancement du projet. Le label indépendant va pouvoir se concentrer sur la partie qui l’intéresse le plus, la musique. L’autre label va quant à lui s’occuper des tâches les plus ennuyantes telles que la collecte de droits, les démarches administratives, la distribution, le démarchage etc.

DES MAISONS DE DISQUES DOMINENT LE MARCHÉ (LES MAJORS)​

Impossible de terminer cet article sans évoquer les trois maisons de disques qui dominent le marché de l’industrie musicale. Ces maisons de disques sont très souvent appelées “major” car elles occupent beaucoup de place face à leurs concurrents.

Bien que leur pourcentage de domination fond légèrement face à la pression des sociétés indépendantes, elles restent les leaders du marché et sont incontournables.

Ces majors ont pour force d’être de gros groupes multinationaux et possèdent leurs filiales dans beaucoup de pays.

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Par exemple, chez Universal Music, c’est Vincent Bolloré (dans le top 20 des fortunes françaises) qui possédait 90% des parts jusqu’à 2021. Cela peut notamment expliquer pourquoi il est si compliqué pour des maisons de disques indépendantes de venir concurrencer ces géants que représentent les majors. À noter que les majors restent des machines commerciales ayant pour objectifs premier de faire du business par le biais de la commercialisation des œuvres musicales.

Universal Music, Sony Music et Warner Music réunis comptabilisent plus de 65% des ventes mondiales de musique. Le leader incontesté étant Universal Music group.

1) Universal Music

Le numéro 1 des majors est sans conteste Universal Music, il suffit de regarder quels artistes sont signés chez eux. En passant par Drake, Eminem, Justin Bieber, Selena Gomez, Rihanna, Booba, Nekfeu, Ninho… Nous pouvons nous arrêter là ?

Cette major implantée dans plus de 60 pays a pour spécificité d’être une major américaine ayant été détenue à 90% par son actionnaire Français Vivendi (qui a désormais décidé de distribuer 60% de son capital à des investisseurs). Universal est un très grand groupe parlant à beaucoup de monde puisqu’ils sont également très fortement implantés dans l’univers du cinéma avec les Studios Universal.

Universal music group comprend une entreprise française nommée Universal Music France, créée en 1997, dominant encore aujourd’hui le marché français de la musique.

2) Sony Music

Sony Music est actuellement le numéro deux du marché et est également basé aux États-Unis. Sony Music Entertainment n’a pas toujours été nommé ainsi, ses anciens noms étaient tout d’abord Columbia et CBS Records. À noter que Columbia a été créée en 1888, ce qui montre l’énorme bagage historique que possède Sony Music. Le géant américain s’est très vite imposé comme étant très puissant dans le processus de distribution des projets des artistes.

Sony Music n’a cessé d’évoluer avec le temps pour absorber de plus en plus de labels indépendants, tout comme ses deux principaux concurrents. 

L’autre filiale de Sony nommée Sony Pictures mène notamment une guerre sans merci dans l’univers du cinéma avec Warner Bros.

3) Warner Music

Warner est le dernier des 3 majors de l’industrie musicale. Warner opère depuis plus de 70 ans à travers le monde et la filiale Warner Music France a été créée en 1971. Warner se distingue des deux autres majors car il est le seul à ne pas avoir Columbia en tant qu’ancêtre.

Warner se distingue en étant une très grosse pointure du monde du cinéma, ils détiennent notamment tous les DC Comics (Batman, Superman…).

Warner music se fait de plus en plus rattraper par certains acteurs indépendants, même si le fossé reste creusé grâce à son historique. Il faudra sans doute plusieurs années pour qu’ils puissent se faire réellement talonner.

Bien que l’industrie de la musique évolue fortement avec le temps (notamment de part la digitalisation des contenus) les maisons de disques dominent toujours les aspects business. Aujourd’hui, tous les artistes sont reliés d’une façon ou d’une autre à ces maisons de disques même si certains essayent de s’en dissocier au maximum par le biais de leurs labels indépendants. Certains acteurs indépendants essaient également de venir concurrencer les majors, nous pouvons notamment penser à Believe qui est spécialisé dans la distribution numérique pour artistes.

Selon nous, les majors perdent de plus en plus la main sur les artistes qui savent beaucoup mieux s’entourer d’autres indépendants, que ce soit pour la production ou la promotion de leurs projets. Les avantages de passer par une major se concentreront surtout sur l’aspect distribution et l’accès à de grands réseaux, notamment pour la collecte des droits des artistes.

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